Sensible au mélange des genres comme à la diversité des individus, Latifa Laâbissi invente une danse des identités en devenir. Reprenant le titre du roman de Romain Gary, dans une pièce conçue pour 4 interprètes, Latifa Laâbissi explore les ravages infligés à nos perceptions et à nos sentiments. Contournant le bruit médiatique, les endoctrinements violents ou insidieux, elle rend hommage à la stratégie du camouflage, aux mouvements de la fuite, de la fugue, présentés comme autant de formes de résistance poétique. Dans une scénographie tout en lianes et en liens, la chorégraphe, retrouvant les motifs et l’engagement de ses précédentes créations, La Part du rite ou Pourvu qu’on ait l’ivresse, offre des pistes de sortie et de réflexion.
LATIFA LAÂBISSI
Née à Grenoble en 1964, Latifa Laâbissi débute la danse contemporaine en France avant de poursuivre sa formation au studio Cunningham à New York. Depuis 1990, elle travaille comme danseuse et chorégraphe. Mêlant les genres, redéfinissant les formats, les créations de Latifa Laâbissi font entrer sur scène un hors-champ multiple où se découpent des figures et des voix. La mise en jeu de la voix et du visage comme véhicule d’états et d’accents minoritaires devient indissociable de l’acte dansé dans Self portrait camouflage - 2006 et Loredreamsong - 2010. Poursuivant sa réflexion autour de l’archive, elle crée Ecran somnambule et La part du rite - 2012 autour de la danse allemande des années 1920. Dans Adieu et merci - 2013 elle continue à creuser dans l’inconscient de la danse. Pourvu qu’on ait l’ivresse, créé avec la Compagnie de l’Oiseau-Mouche en 2016 et cosigné avec la scénographe Nadia Lauro, produit des visions, des paysages, des images où se côtoient l’excès, le monstrueux, le beau, l’aléatoire, le comique et l’effroi. En 2016 également, Grimaces du réel, monographie portant sur l’ensemble de son travail, paraît aux Presses du Réel, en coédition avec les laboratoires d’Aubervilliers. En 2019, elle présente dans le cadre du festival DañsFabrik Consul & Meshie, créé en
2018 en collaboration avec Antonia Baehr et Nadia Lauro.