« La question n’est plus de savoir si l’artiste sait ou non danser mais s’il veut ou non danser. »
Le Cabaret discrépant d’Olivia Grandville s’inspire des concerts et cabarets organisés par Fluxus et Dada, et déploie les théories de la “dernière des avant-gardes”, le lettrisme, né en 1947. Entre installations et performances, danse et théâtre, ironie et tribune politique, ce récital veut retrouver l’esprit subversif et l’énergie juvénile des fondateurs du mouvement, Isidore Isou, François Dufrêne et Maurice Lemaître. Les propositions de leur Manifeste de la danse ciselante – où ils pulvérisent avec humour l’art chorégraphique de leur temps, et posent les bases d’une réflexion qui continue d’agiter la danse aujourd’hui – ont paru à Olivia Grandville étrangement prémonitoires par rapport aux enjeux de la danse contemporaine.
Danse de l’amorphe et de l’arythmie, de la lenteur et de l’immobilité, danse de la disparition… comment ne pas faire lien entre ces propositions lettristes et certaines des œuvres contemporaines de ces dernières années ? Olivia Grandville inclus ainsi dans sa conférence performée, 19 “ballets ciselants”, qui vont de la “danse débat” au “strip-tease à rebours” en passant par le “quasi anti-ballet”.
OLIVIA GRANDVILLE
Olivia Grandville reçoit une formation classique à l’École de danse de l’Opéra de Paris et intègre en 1981 le corps de ballet. Après avoir obtenu le grade de « sujet » deux ans plus tard, Olivia commence à s’intéresser à la danse contemporaine et effectue plusieurs voyages aux Etats-Unis. Entre 1981 et 1988, elle a l’opportunité de traverser, outre le répertoire classique, des œuvres de Balanchine, Limon, Cunningham, et de participer aux créations de Maguy Marin, Dominique Bagouet, Bob Wilson... En 1989, elle rejoint la compagnie Bagouet et participe à toutes les créations jusqu’en 1992. C’est là qu’elle commence à mener son propre travail. Depuis, elle a mis en œuvre une vingtaine de projets dont : le K de E, Instantané/Provisoire, Il nous faudra quand même un peu d’argent… j’ai fait des économies, Paris-Yerevan, Come Out, Comment taire, My Space... Elle reçoit en 2010 une commande du Festival d’Avignon et y crée Une semaine d’art en Avignon avec Léone Nogarède et Catherine Legrand, dans le cadre des Sujets à Vif. En 2011, elle crée la pièce Le Cabaret discrépant. Le spectacle est programmé au Festival d’Avignon en 2011, puis au Théâtre de la Colline, au Théâtre Pôle Sud (Strasbourg), au Lieu Unique (Nantes) et au Musée de la danse (Rennes). Dans Cinq Ryoanji (2012), elle travaille avec les partitions de John Cage, où s’entremêlent musique enregistrée et en direct, écriture et improvisations. La pièce sera présentée à la Ferme du Buisson et à la Cité de la Musique. Elle crée ensuite L’invité mystère (2013) sur une proposition du Festival Actoral et Le Grand Jeu (2014), programmé au TU ainsi qu’à la Ménagerie de Verre. Parallèlement à son travail de chorégraphe, Olivia Grandville est aussi enseignante et interprète, auprès de Vincent Dupont (Incantus) et Boris Charmatz (Flipbook, Levée des conflits, Roman Photo). Sur une invitation de Théâtre Ouvert, elle crée Toute ressemblance ou similitude (2014) mettant en scène le texte d’Aurore Jacob Au bout du couloir à droite. « En juin 2015, elle propose Foules, création pour une centaine de non professionnels, au Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, qui sera repris en 2016 au CNDC d’Angers et au Théâtre de Saint-Nazaire. Elle crée en janvier 2016 Combat de Carnaval et Carême, pièce pour dix danseur, au Lieu unique à Nantes.