AVEC DANSE À TOUS LES ÉTAGES, SCÈNE DE TERRITOIRE DANSE
Ayelen Parolin nous convie à une forme de rituel contemporain avec musique originale pour piano, joué par sa compositrice, Lea Petra. La pièce est basée sur la répétition et l’endurance autour d’un leitmotiv : le « triangle » et ses variations infinies. Un trio obsessionnel et machinique, qui renvoie aux impératifs d’efficacité et de rentabilité de notre société, tout en assumant la contradiction de faire jaillir la force essentielle de l’être. La chorégraphe entend « s’atteler non seulement à une construction mathématique du mouvement, mais aussi à canaliser les interprètes dans une gestuelle géométrique complexe et précise, oscillant en crescendo entre canon et unisson. Jusqu’à leurs limites, pour voir à cet endroit-là ce qui pourra advenir… »
« Dans Origine du drame baroque allemand, Walter Benjamin écrit en substance que l’homme moderne ne peut plus faire de la tragédie grecque. L’homme moderne est trop codifié, il ne peut plus être spontané. Au cours de cette lecture, je ne pouvais m’empêcher de songer à mon expérience chamanique bruxelloise, et de mettre en parallèle tragédie grecque et chamanisme à travers cette idée que l’homme moderne est incapable de faire certaines choses qui ne correspondent plus à son époque… De là est venue l’idée de construire une chorégraphie à l’image de ce que Walter Benjamin dit de l’homme moderne, codifié et sans spontanéité. Une danse abstraite, répétitive, mathématique et géométrique, où il y aurait du mouvement incessant, une exigence absurde et de l’indifférence toute contemporaine. Et utiliser ce vocabulaire-là, pour tenter (malgré tout) un voyage chamanique (avec les outils de notre temps) : dans cette mise à l’épreuve physique et mentale, tout en endurance et en résistance, pour arriver (au final) à faire ressortir la spontanéité et la force essentielle de l’être, explosive et animale. »
Ayelen Parolin
AYELEN PAROLIN
Née à Buenos Aires, Ayelen Parolin vit et travaille à Bruxelles en tant que chorégraphe et danseuse. Elle étudie à l’École Nationale de Danse et au Théâtre San Martin à Buenos Aires. En Europe, elle suit la formation e.x.e.r.c.e à Montpellier. Elle est interprète pour Mathilde Monnier, Mossoux-Bonte, François Peyret, Mauro Paccagnella, Louise Vanneste, Alexandra Bachzetsis, Anne Lopez et Riina Saastamoinen. Depuis 2004, Ayelen Parolin développe également un travail personnel. Elle crée tout d’abord le solo 25.06.76, dans lequel elle explore son autobiographie. Avec Troupeau/Rebaño, elle se confronte à l’animal endormi en chacun de nous, et avec la pièce SMS and Love, elle questionne la féminité et ses dynamiques de groupe. Dans DAVID, elle « contemple » la figure masculine à travers une exploration sensorielle et une déconstruction des clichés d’un modèle canonique, symbole de la masculinité : le David de Michel Ange. Avec Hérétiques, duo pour deux danseurs et une pianiste interprétant en direct sa composition, Ayelen Parolin plonge dans une écriture de mouvement rigoureusement précise, calculée et obstinée, pour parler du social dans une abstraction amenée jusqu’aux limites du corps. En 2015, elle « centre » son regard sur la/les femme(s). Avec le duo Exotic World, tout d’abord : une commande du Théâtre National/Bruxelles et de la SACD, carte blanche à Ayelen et à la réalisatrice et ancienne strip-teaseuse Sarah Moon Howe. Avec le solo La Esclava, ensuite en compagnie de Lisi Estaràs.
En juillet 2016, elle présentera au Séoul Art Center sa nouvelle création Nativos, une pièce dans le même esprit d’endurance et de performance que Hérétiques mais avec quatre danseurs coréens, la compositrice Lea Petra et un percussionniste coréen.
Enfin, sa future pièce de groupe, Autochtones, est prévue pour le KunstenfestivaldesArts en mai 2017.
Elle crée et montre son travail en Belgique, en France, au Luxembourg, en Italie, en Espagne, en Finlande, en Allemagne, en Autriche, en Norvège, en Estonie, en Suisse, en Israël et en Argentine. Elle a en outre été lauréate des Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes.
Ayelen est l’une des quatre lauréats de la bourse de recherche décernée par la fondation Pina Bausch pour 2016.